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Patrimoine
Histoire de Neydens
Vallée de formation jurassienne – Aux premiers âges de l’époque glaciaire d’immenses glaciers recouvraient la région. A leur fonte en se retirant, ceux-ci décuplèrent la puissance du Rhône. Le fleuve fit alors exploser le passage rocheux du Fort l’Ecluse, entraînant des pans entiers du Jura. La vallée se forma dans une succession de rameaux détachés : la montagne de Chaumont, le Mont-Sion, le Vuache, la montagne calcaire du Salève.
Allobroge puis gallo-romain, romain puis burgonde, Neydens n’a jamais quitté le train de l’Histoire…
Naissance d’un « gros bourg » à l’intérieur d’un périmètre bordé de voies romaines. L’une des plus importantes, la « Via Romana » le traversait entre le Chef-Lieu et La Forge (Annecy-Genève par le Mont-Sion), route de grande circulation jusqu’à la fin du Moyen-Age.
Origine du toponyme Neydens – Selon un processus adopté par les Romains, repris par les Burgondes, le vocable du lieu habité dérivait du nom du propriétaire. L’évolution du suffixe (ingis, –ingos, -ans, –ens) forma le nom du propriétaire d’un domaine, dit « le domaine de Nodo » (décliné Noidens, Noidans, Neidens, etc) localisé au Chef-Lieu, sol constitué de structures romaines, païennes et religieuses. (Sources historiques et archéologiques).
Entre les XIIe et XVIe siècles, confinant au comté de Genève et à la seigneurie de Ternier, Neydens demeura enclave territoriale catholique du Prince-Evêque de Genève. Puis enclave territoriale protestante lorsque Genève se transforma en République réformée en 1536, jusqu’au Traité de Turin de 1754 signé entre Genève et la monarchie de Piémont-Sardaigne. Attribué à la Savoie, Neydens devint département français du Mont-Blanc en 1792 (Genève : département du Léman en 1798) jusqu’au Congrès de Vienne de 1815 fixant le tracé actuel de la frontière. Tandis que Genève (ville et canton) entrait dans la Confédération Helvétique, Neydens redevenait savoyard.
Référendum des 22 et 23 avril 1860 : « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? ». Le « Oui » l’emporta mais de justesse dans la région, une majorité de la population ayant préféré le fameux bulletin « Oui et Zone ». Ce choix politique A Neydens, la pétition pour le rattachement de la Savoie du Nord à la Suisse avait réuni 85 signatures des « chefs de famille », soit la moitié de la population masculine pour un total de 540 habitants. Par le décret du 14 juin 1860, les habitants redevenaient Français, à l’intérieur d’une nouvelle zone franche dite « Grande zone Franche » ou « Zone d’Annexion ». Dès la proclamation de la IIIe République signée le 4 septembre 1870, Neydens fut inclus dans l’arrondissement et canton de Saint-Julien.
Avec Genève, les liens ne furent jamais rompus. La commune connut un nouveau statut de territoire enclavé en zone franche, à l’intérieur d’une ceinture de zones douanières. Et aujourd’hui, quel avenir pour Neydens, territoire éminemment frontalier ? On annonce l’arrivée en gare du trans-régional Franco-Valdo-Genevois en partance pour un « Grand-Genève ». Affaire à suivre…
Les Tulipes de Neydens
Les grimoires et journaux genevois des siècles passés appelaient « Tulipes de Neydens » ces gracieuses tulipes sauvages au jaune lumineux, et les gens d’ici et du voisinage les nommaient ainsi .
Elles poussaient en abondance dans les prairies naturelles qui entourent le chef-lieu, ainsi qu’aux abords des nants et ruisseaux qui le traversent . Les » enfants d’entre les deux guerres » se souviennent encore d’en avoir cueilli des bouquets. Mais les grand-mères nous disaient en soupirant : » Il n’y en a plus guère ; ils labourent tout !!
« Cette tulipe sauvage n’est pas mentionnée dans la flore Bonnier. Un botaniste émérite, natif du village, mentionnait qu’il existe d’autres lieux en Europe où cette tulipe poussait ainsi à l’état sauvage, mais que ces endroits étaient très rares et très localisés. Un dessin très exact de cette jolie plante, daté du début du siècle passé est initulé par l’artiste » Tulipe de Florence » : comme à Neydens, elle portait attaché à son nom le nom du lieu.
La terre d’origine reconnue des tulipes en général est le Caucase et le Turkestan. On dit que les Huns lors de leurs chevauchées à travers l’Europe, gardaient à l’arrière de leur selle un petit sac de cuir contenant des petits bulbes de tulipes du Caucase qu’ils plantaient comme repères en certains lieux, car le système de propagation de ces tulipes favorise une implantation et une multiplication résistante et durable.
Voilà la petite histoire de la tulipe de Neydens, prise comme emblème pour le blason communal et qui a donné son nom au Club des Anciens » Les Tulipes ».
Bistrots à Gogo !
Dès le 18ème siècle, des débits de boissons appelés alors cabarets, ont vu le jour au chef-lieu. Plus tard, de nombreux cafés se sont construits à Neydens : 15 ont été recensés depuis les années 1900.
Ceux qui ont fermé dans les années 50 sont encore dans les mémoires des aînés mais l’existence d’établissements plus anciens relève de la transmission orale.
Véritable institution, le bistrot était fréquenté essentiellement par les hommes, qui se retrouvaient là une fois la journée de travail terminée ou après la messe. Certains venaient tous les jours : des célibataires de la commune cherchant à rompre leur solitude, des ouvriers agricoles (commis), ou de simples habitués.
Avec le développement de la voiture, les bistrots se trouvant sur les axes principaux aux Mouilles et à La Forge accueillirent une clientèle de passage, professionnels du transport ou de la vente, ou encore des genevois sur leur retour du Salève.
Au café, on parlait de tout et de rien, on se mettait au courant des dernières nouvelles du village, on y commentait la politique en période d’élections, on y créait la rumeur. On y consommait de l’alcool et du café. On y tapait le carton l’hiver et on y jouait à la lyonnaise l’été.
Le dimanche, les pères de famille y emmenaient leur progéniture qui avait droit à un verre de sirop ou de limonade.
Au café circulait l’information.
A Neydens comme ailleurs, ces lieux de vie ont peu à peu disparu. Des cinq encore en activité dans les années 60, un seul s’est maintenu, le bar de la Forge, auquel s’est ajouté aujourd’hui le bar-restaurant du camping de la Colombière.